Southeastpassage is the Project of a long distance gas pipeline linking the Gulf  huge natural  gas  reserve  of Qatar to the European market.The  objective of such an  infrastructure is the diversification of natural gas supply to Europe with respect to Russian gas import dependance.,using the short-circuit  track of the ancient  Tapline.

Tapline track :1750 kms   legacy of an engineering triumph- saved oil supply to Europe of the Suez canal embargo

in memory of the mythic tapline

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Tiré à part
DIMANCHE 17 LUNDI 18 JUILLET 2022

Le Monde
TRIBUNE
Christian Stoffaes
Ancien directeur de la prospective et des relations internationales d’EDF
A présidé le groupe de travail du Centre d’analyse stratégique sur la dépendance gazière
institué par Nicolas Sarkozy (publié à la Documentation française).
« Le projet de grand gazoduc euro-arabe permet de contourner la Russie et d’éviter
le long trajet des méthaniers depuis le Qatar »
L’économiste Christian Stoffaës souligne, dans une tribune au « Monde », l’intérêt de
pousser le projet de gazoduc entre le méga-gisement du Qatar et l’Europe, via la
Turquie
Publié le 15 juillet 2022 à 14h00   Temps de Lecture 3 min. Read in English
NEFERTARI - LE PROJET DE GRAND GAZODUC EURO-ARABE DE SECURITE
SRATEGIQUE

Les Autorités européennes et françaises viennent d'inviter les grandes entreprises
énergétiques à mettre l'accent sur l'accroissement de leur offre, en complément de l'appel à
la sobriété de la consommation. L'analyse est désormais largement partagée du risque de la
dépendance  à l'égard de la Russie qui démontre maintenant qu'elle fait usage de sa
colossale puissance gazière comme instrument de rétorsion – voire de chantage plus
seulement comme une menace voilée.
La nouveauté est que la dissuasion est maintenant explicite, alors que Gazprom clamait
jusque là se comporter comme une entreprise mue par ses seuls intérêts commerciaux et
que l’on considérait la dissuasion gazière comme une arme trop puissante pour être utilisée,
à l’instar de la force atomique. Nombreux sont les pays qui, désormais, subissent son
embargo, et plus seulement les pays de la frange orientale- Baltes, Polonais, Bulgares, etc -
qui affichent leur inquiétude. Mais  aussi une grande économie comme l'Allemagne prenant
conscience qu'elle a livré sa population et son industrie à l'influence russe du fait de sa
politique énergétique anti-nucléaire et pro-renouvelables (qui requiert beaucoup de gaz pour
compenser le caractère intermittent de ces dernières) et de son soutien déterminé au
gazoduc NorthStream2, qui l’enferme encore davantage dans la dépendance russe.
Ces consignes expriment la nécessité de mettre en exploitation de nouvelles provinces
gazières à proximité du marché européen, quand  les gisements historiques s'approchent de

leur pic de production- de la mer du Nord à l'Algérie. Relier le plus grand gisement du monde
au premier marché du monde revêt une dimension historique. D'où l'intérêt du projet
de Grand Gazoduc euro-arabe de Sécurité Stratégique entre l’Europe et le méga-gisement
irano-qatari du NorthDome, ne serait-ce que pour l'affichage d'intentions fortes, en traçant
des perspectives de moyen et  long terme pour la sécurité des approvisionnements. Car un
tel investissement s'étale évidemment sur le temps long, dans le cadre de la relance
de la planification souhaitée par le Président de la République
En écho lointain de l’angoisse de Suez -Réanimer le mythique Tapline
Ainsi,  un affichage fort pour un horizon,  même lointain sera de nature à rassurer une
opinion publique justement soucieuse des conséquences du durcissement russe, qui
menace bien au-delà du conflit ukrainien. Tout comme les  Européens avaient applaudi ,
suite à la crise de Suez, à la mise en service du mythique oléoduc  Tapline (Transarabian
Pipe Line) reliant le Golfe à la côte méditerranéenne du Liban sur 1200 km à travers le
désert d'Arabie. Quand, à l’époque, la nationalisation du Canal par l'Egypte de Gamal Abdel
Nasser, soutenu (déjà…) par la dissuasion atomique de l’URSS, en même temps qu'elle
signait la fin de l’ère coloniale au Moyen-Orient semait l'inquiétude en Europe sur son
approvisionnement en pétrole, tout comme aujourd’hui le durcissement russe.
Dans l’énergie le transport compte autant que la ressource. L’option actuellement envisagée
du Gaz Naturel Liquéfié par la mise en œuvre d’un vaste parc d’usines de liquéfaction-
regaséification et d’une flotille nombreuse de navires méthaniers est très coûteuse et longue
à mettre en œuvre, face au monopole du réseau de gazoducs russo-ukrainien dont l’atout
majeur est son caractère rustique et peu coûteux. La cible est identifiée : il reste maintenant
à l’évacuer.
Le projet de rechercher des ressources nouvelles lointaines n'est pas neuf. Déjà, initié dans 
les années 2000, l’initiative Nabucco parrainée par la CIA, l’Europe et les petits importateurs
gaziers d’Europe orientale visait à relier les gisements de la mer Caspienne. Mais il a été
abandonné, en butte à l'hostilité de Gazprom, et surtout du fait du défaut d'implication des
grands Européens - dont ils sont les clients- et d'un poids financier insuffisant pour justifier
une infrastructure aussi lourde et de ressources caspiennes qui avaient été surestimées  au
lendemain de la fin de l'URSS.
Le projet de Grand Gazoduc euro-arabe de Sécurité stratégique  permet lecontournement

de la Russie par le Sud en court-circuitant le long trajet des méthaniers par Suez ou par le

tour du continent africain. Il diversifie les fournisseurs par un concurrent dont
les ressources sont d'un ordre de grandeur commensurable des ressources russes. Il
marque la revanche de  l'espoir déçu-- si ce n’est l'humiliation du projet mort-né  Nabucco. Il
atteste de la volonté de l'Europe souveraine d'exister sur les enjeux géo-économiques et du
retour en grâce de la planification des investissements  stratégiques, souhaitées par le
Président de la République, cette fois à l’échelle européenne.
Aujourd’hui la présidente de la Commission tente de relancer le dialogue avec l’Azerbaidjan
un des maillons essentiels du projet mort-né Nabucco. L’Allemagne, paniquée par la quasi-
faillitte de son grand importateur gazier Uniper consulte partout dans l’urgence pour sécuriser
son approvisionnement . Le Qatar est identifié comme la cible importante dans la stratégie
de diversification, contrôlant avec l'Iran le méga-gisement gazier  du North Dome, d'un ordre
de grandeur commensurable des ressources russes.

L’engagement indispensable de grands acteurs industriels et des grands état est la condition

nécessaire de la réussite.

Aussi, un règlement d’exemption communautaire ad hoc devra assurer la viabilité
économique du consortium à constituer pour la  concession, la construction et l'exploitation
de l’infrastructure, et pour garantir les débouchés commerciaux nécessaires à un aussi lourd
investissement. Les grands acteurs industriels ont conservé la douloureuse mémoire de la
gigantesque amende-antitrust infligée à l’alliance Mégal. C’est aussi en effet parce que
l’Europe a incscrit dans son ADN la préférence obsessionelle données aux « petits »sur les
«gros » que Nabucco a échoué. Dés lors que la Russie a rejeté sèchement la Charte de
l’Energie qui visait à ’harmoniser les conditions concurrentielles des deux blocs, Face au
monopole Gazprom, il est temps de crier halte au suicide, comme l’esquisse l’adoption du
projet centrale d’achat (voir l’article du Monde-Débats du 3 mars 2022)
Surtout il faudra l'engagement des grands leaders politiques européens, au plus haut niveau,
notamment franco-allemand et italien- et des grands acteurs pétro-gaziers européens. Les
conditions sont maintenant favorables pour un succès rapide de haute visibilité, en
application du principe que les crises sont nécessaires à l’accouchement de leurs solutions.